Paul Reclus (1858-1941)
Paul Reclus, né à Neuilly-sur-Seine en 1858, fils d'Elie (et de Noémi Reclus) et neveu d’Elisée, incarne les multiples qualités de la grande famille des Reclus, tout en restant dans l’ombre de ses illustres aînés qu’il a profondément admirés et servis. De son mariage en 1885 avec Marguerite Wapler (d’une famille d’industriels alsaciens) sont nés quatre enfants ; seuls deux ont survécu : Michel, ingénieur chimiste et Jacques, professeur en Chine.
Intellectuel brillant, Paul Reclus est reçu premier à l’Ecole centrale de Paris en 1878 où il obtient son diplôme d’ingénieur. Ce titre l’amène à exercer sa profession dans diverses entreprises (fabrique de parapluies à Paris, mines de Bessèges dans le Gard, Soudières de Varangeville, usine d’explosifs à Sevran, fabrique de couverts dans les Vosges et, en fin de « carrière », Compagnie Lorraine des Charbons et Lampes (Moselle). Son parcours est loin d’être linéaire. Les interruptions sont fréquentes pour cause… de militantisme, car Paul est, comme son père et son oncle, un anarchiste convaincu et actif.
Son appartenance notoire à la mouvance anarchiste, ses relations avec A. Vaillant, entraînent son implication dans l’attentat contre la Chambre des Députés du Décembre 1893. Paul Reclus se rappelle la traque subie par son père et par sa famille à la fin de la Commune de Paris ; c’est ainsi que Paul avait connu un premier exil en Suisse. Il préfère s’enfuir plutôt que de tomber dans les filets de la police ; ce qui lui vaut, au procès des Trente, d’être condamné à vingt ans de travaux forcés. Un deuxième exil commence pour Paul Reclus. Après un bref passage chez son oncle en Belgique il part pour l’Angleterre (1895), terre d’asile de tous les exilés d’Europe. Il se fixe en Ecosse où il devient professeur auprès de Patrick Geddes célèbre botaniste et urbaniste, ami des Reclus.
Elisée l’appelle à Bruxelles en 1903 pour le seconder dans ses lourdes tâches de géographe. Paul pourra ainsi faire publier la dernière grande œuvre (posthume) de son oncle : L’Homme et la Terre en 1907. Il occupe aussi la chaire de géographie de l’Université nouvelle de Bruxelles.
Dès 1908, Clemenceau a mis un terme au bannissement de P. Reclus. Paul regagne la France avec sa femme au début de la Première Guerre mondiale. En 1916, il signe le "Manifeste des seize" comme d’autres camarades anarchistes interventionnistes, en rupture avec l’antimilitarisme et l’internationalisme anarchiste. Ceci lui sera vivement reproché par la majorité des anarchistes, mais Paul continue à militer au sein du mouvement jusqu’à sa mort (revues, soutien aux anarchistes pendant la guerre d’Espagne, etc.).
A partir de 1919, P. Reclus s'installe en Dordogne, puis à Montpellier où il se livre à des travaux scientifiques aux côtés de P. Geddes.
Après son décès (1941 à Montpellier) de nombreux savants et de nombreux anarchistes rendent un hommage unanime à son intelligence, à sa générosité et à son intégrité.
Jeanne Vigouroux
Collection privée Magali Reclus, tous droits réservés
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